vendredi 13 juin 2008

Les souvenirs

Ce qu'on s'en souvient et de ce qu'on ne s'en souvient pas, et comment on s'en souvient. Comment dans notre souvenir, le passé n'est pas tout à fait la même que la facon que nous l'avons vécu.

Je suis passée d'innombrable fois devant le Palais Royal a Paris, je n'ai pas vraiment "vu" son entrée. Je me souvenais des boules dans la cour, des petits boutiques tout autour où autrefois on vendait les charmes des femmes légères parait-il, je me souvenais même des colonnes intérieurs, mais pas de sa facade.

On me demandait de mes premiéres année en France, je disais "alors c'était facile de s'y établir" - surtout si on trouvait du travail. Je disais aussi, parce que de cela je me souvenais, de la première année de l'automne 1963 à automne 1964 très heureuse pour moi et très dur de point de vue argent.

J'étais amoureuse et ravie d'être de nouveau avec mon mari. J'étais aussi ravie de découvrir la France et ses habitudes, façon de vivre, façon de cuisiner. J'étais ravie qu'après seulement deux mois, ma fille de deux ans parlait français comme toutes les autre petites.

Moi, j'avais déjà 29 ans et cela m'a pris plus longtemps, malgré que j'avais étudié la langue pour six mois pleines avant mon départ et je lisais courament et souvent en français.

Mais les liaisons! Les mots, tel que dites, coulaient les uns dans les autres et souvent je ne réussissais pas les deviner.

Je me souvenais aussi de nos gros difficultés financiers l'hiver et le printemps. Avant mon arrivé déjà mon mari qui ne gagnais déjà que fort peu dans un petit moulin d'un village avait réussi à emprunter la 2CV du fils de patron et entrer avec elle dans un poteau. Moitié de son salaire était déduit chaque mois pour rembourser les réparations.

Je revais avoir une fois deux kilos du sucre ou de huile. De la réserve. Avec le maximum des économies, et beaucoup de semoule qui était gratuit du moulin, j'arrivais a tirer jusque fin du mois, trois quarts. Ensuite, quoi manger?

La patronne m'avait permis de m'en servir dans le potager du moulin. Mais plus de viande, bien sûr. Du boudin de temps en temps, c'était nettement moins cher.

Mais j'étais si heureuse cette année là.

Les ennuis n'ont pas commencé qu'après que nous sommes partie de l'Ain en Picardie, avec deux fois plus de paye et plus des dettes, une maison moderne cette fois offerte de nouveau par le moulin. Encore une village, mais celle-ci collée d'un ville, HAM, où j'avais rapidement trouvé aussi un bon travail.

Tout aurait été bien enfin, mais. Tout aurait été bien si mon mari n'aurait pas apperçu par la fenêtre une jeune, très jeune, tenant un bébé dans les bras. Elle n'avais pas encore 18 ans mais déjà un bébé "c'était comme une madonne" me dit-il ce jour-là.

Mais elle n'avait rien d'un vierge et assez rapidement elle embobina mon mari, ou lui enchanta elle, qui sait, en tout cas, ils ont commencé une liaison qui dura des années par la suite et rendu amère les miens, suivantes. Jusqu'au jour, des années plus tard, quand je me rebiffais enfin.

Marches anciens croppedDe tout cela je me souvenais bien.

Ce dont je ne me souvenais pas tel qu'il arriva était les difficultés de rester en France, de sortir de temps en temps. J'avais l'impression qu'une fois en France, une fois en Europe, nous avons pu voyager enfin facilement.

Tout est relatif et c'est vrai qu'en habitant dans la Roumanie communiste on ne nous laissait pas sortir du tout, je ne revais même plus de voyager alors. Même pour aller en Hongrie, j'ai dû attendre des années: ni passeport, ni le droit de m'y rendre.

Je viens de retrouver mon passeport, le premier avec lequel je suis entré en France, le 29 octombre 1963 a Marseille. Je n'avais qu'un visa pour un seul mois et même cela difficilement obtenu.

Les prolongements a mon séjour n'était pas dedans, trois mois deux fois et puis deux fois six. Une année enfin, puis a la fin: cinq! J'avais du travail et on m'avait donné un carte de séjour que je n'ai pas retrouvé.

Le passeport contient par contre les Droit de sortir du territoire que je devais demander à chaque fois que j'en sortais, pour pouvoir rentrer. Accordé pour un mois, accordé pour une sortie de deux mois. Une seule entré sortie. Une fois même plusieurs entrés et sorties. Les visas pour chaque pays visité ou même traversé.

Encore en 1968 j'avais eu des problèmes avec les frontières, vers la fin du passeport figure un stampile disant que je peux cette fois entrer en France seulement pour un mois!

Je ne m'en souviens pas du tout.

Deux année après, nous deviendrons citoyens français et tout les soucis des papiers visas droit de sortis et rentrés seront oubliés. Tous les démarches aux divers authorités et consulats ballayés sous le tapis d'un souvenir qui filtre a sa façon, rendant rose une côté et noircissant l'autre.

Le passé change, on avait affirmé quelque part et en lisant je me suis révoltée. Mais oui, il n'y a pas de passé qui n'est pas modifié en nous d'une façon ou de l'autre. Je m'en suis encore une fois convaincu en feuilletant hier cet ancien passeport retrouvé.

2 commentaires:

  1. Bonsoir Julie, j'aime la façon dont tu racontes, tout est sensibilité, tu parles tellement sincèrement. Tu as raison, la mémoire est sélective, elle trie, réordonne, il me semble parfois qu'elle garde plus fort le pire et le meilleur. Je t'embrasse.

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  2. c'est vrai,notre mémoire noue joue parfois des tours et déforme parfois la réalité et ce n'est pas toujours évident d'en avoir conscience...Gazou

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