samedi 9 avril 2005

Kilo de sucre

En 1976, près de la fenêtre au café de coin place Maubeuge à Paris, deux femmes. Je ne me souviens pas de mois, mais il faisait encore frais et nous étions dedans. Ou était-ce parce que c'est là qu'elle m'avait attendu devant un expresso? Je venais la rencotrer de banlieux, à l'époque j'habitais encore à Gif sur Yvette.

Stéphanie n'avait que 60 ans et moi, déjà passé la quarentaine.

J'étais dégoutée, effrayée.

Après ma très belle expérience avec mon prof américain, mon "troisième homme", et des mois seule, j'avais rencontré un "poète de Harward" et tenté une autre aventure. J'en suis sortie épouvantée et dégoutée. J'avais même peur qu'il apprenne où j'habitais. J'avais l'impression d'avoir couché avec un satir. Un déréglé.

Non par ce qu'il avait fait, mais ce qu'il avait dit ensuite. "Et si j'avais été un..." et même s'il m'a dit ensuite quelques mots gentils sur moi.

Etait-il dangeureux ? Qu'avais je fait?

Pourtant, il m'avait apprécié. (Et même, deux semaines après, quand il a réussi à me persuader à le rencontrer dans un coin de rue où je suis allée pour lui dire me laisser en paix dorénavant, il m'a apporté une rose rouge unique. J'ai réussi à m'échapper après cinq minutes même si la rose m'a fait plaisir.)

Un goût amère dans la bouche, je me suis refugié vers Stéphanie, mon amie plus agée et très sage dans ses conseils. J'ai déversé le trop plein pendant que nous buvions encore un expresso.

Elle sut me rassurer.

Me disant, qu'après avoir vécu tant d'années avec un seul homme, c'est normal d'experimenter. Apprendre ce qui est "ton kilo de sucre".

Quoi?

Chacun est différent, me dit-elle, chacun de nous a des besoins autres. Son kilo de sucre, c'est seulement lui qui peut le juger, le peser. Les mauvaises expériences dans la vie te disant ce que tu n'aimes pas, ce qui n'est pas pour toi. Prends-les comme apprentissage vers "ton kilo de sucre" qui ne pèse pas comme ceux d'un autre.

Je me méfiais quand même et pendant les prochaines mois je me suis consacrée surtout à obtenir mon diplome français. Puis mettre la distance entre mon ex (pas encore officielle, une divorce dure) et moi.

C'est seulement trois ans après notre discussion dans ce café où je suis retourné récément seule et photographié d'autres couples bavardant d'une chose ou autre, que j'ai exlamé un matin : "Ah, maintenant je comprends enfin ce que voulait dire Stéphanie avec son kilo de sucre!" C'est ça, et pas moins. Pour moi.

Je crois qu'avec le travail c'est un peu parail. Peut-on savoir si c'est vraiment "ça" tant qu'on n'a pas essayé ceci ou cela? Puis, on tombe dedans un jour et on le sent. On se sent comme "un poisson dans l'eau". Mieux!

Pourvu que ça dure!

Jamais hélas autant qu'on le voudra. Mais au moins, on l'a vécu.

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